Signaler une arnaque sur le bon coin : mode d'emploi pour protéger les autres

Signaler une arnaque sur le bon coin : mode d’emploi pour protéger les autres

Pourquoi signaler une arnaque sur Le Bon Coin est une responsabilité citoyenne

Le Bon Coin, avec ses millions d’annonces en ligne, est devenu un incontournable de l’économie de seconde main. Mais là où il y a argent, il y a malheureusement aussi des escrocs. Arnaques au paiement, faux dépôts de garantie, profils frauduleux : les tentatives sont nombreuses et bien rodées. Que vous ayez été victime ou simple témoin, signaler une arnaque, c’est éviter que d’autres tombent dans le même piège. Et c’est un geste citoyen à ne pas sous-estimer.

Beaucoup hésitent pourtant à passer à l’action. Par peur, par méconnaissance de leurs droits ou tout simplement parce qu’ils ne savent pas à qui s’adresser. Cet article vous fournit un guide clair, étape par étape, pour signaler efficacement une arnaque sur Le Bon Coin, tout en vous protégeant juridiquement.

Identifier l’arnaque : les signes qui ne trompent pas

Si une offre vous semble “trop belle pour être vraie”, votre instinct a probablement raison. Certains signes doivent vous alerter immédiatement :

  • Un prix anormalement bas pour un bien en forte demande (véhicules, smartphones, consoles de jeu récentes…)
  • Refus de rendez-vous physique et demandes de paiements à distance via des services non sécurisés (transfert Western Union, Mandat Cash…)
  • Une pression pour conclure rapidement sous prétexte d’urgence ou de forte demande pour le bien.
  • Un récit émotionnel qui n’a rien à voir avec la vente (divorce, décès, mutation à l’étranger…)
  • Le vendeur/l’acheteur ne vit pas en France, mais prétend pouvoir “envoyer” le bien ou demander un acompte.

Dès l’apparition de ces signaux d’alerte, capturez l’annonce (capture d’écran, lien, texte). Ces éléments pourraient être cruciaux plus tard.

Première étape : signaler à la plateforme Le Bon Coin

Le Bon Coin a mis en place un mécanisme interne de modération. La première chose à faire est donc d’utiliser leur outil de signalement :

  • Ouvrez l’annonce frauduleuse
  • Cliquez sur “Signaler cette annonce” (généralement en bas ou à droite de l’annonce)
  • Choisissez la raison du signalement : “Arnaque ou escroquerie”
  • Ajoutez un commentaire si nécessaire, en décrivant pourquoi vous soupçonnez une fraude

Ce signalement permet à la plateforme de faire le tri et de retirer rapidement les arnaques visibles. Mais il convient de ne pas s’arrêter là. Le Bon Coin n’est pas une autorité judiciaire. Pour des suites concrètes, il faut aller plus loin.

Déposer plainte : votre droit, votre devoir

Un arnaqueur qui reste impuni, c’est un récidiviste en puissance. Les services de police ou de gendarmerie peuvent intervenir et faire remonter l’enquête, mais encore faut-il que la plainte soit déposée.

Deux options :

  • Déplacement en commissariat ou gendarmerie : Apportez tous les éléments en votre possession. Cela inclut : captures d’écran d’annonces, échanges par mail ou messagerie, preuves de transferts bancaires ou demandes suspectes.
  • Plainte en ligne via la pré-plainte sur www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr : Cela permet de gagner du temps en signalant les faits en amont d’un rendez-vous avec les forces de l’ordre.

N’oublions pas que la tentative d’escroquerie est elle-même punissable par la loi (article 313-1 du Code pénal). Même s’il n’y a pas eu de transaction, la simple intention de tromper peut être réprimée.

Signaler à la plateforme Pharos : l’arme numérique de l’État

PHAROS, c’est la Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements. En clair ? Un outil de la police nationale spécialisé dans les infractions en ligne.

Pour signaler une arnaque : rendez-vous sur internet-signalement.gouv.fr. Là, vous pourrez :

  • Décrire le contenu frauduleux
  • Fournir le lien spécifique vers l’annonce
  • Ajouter des captures d’écran
  • Choisir la catégorie  » escroquerie « 

PHAROS transmet les signalements aux services compétents, et ceux-ci peuvent ordonner des enquêtes, voire des poursuites en cas de nécessité. Ce service reste anonyme, sauf si vous choisissez de laisser vos coordonnées pour un suivi.

Informer les autres : les forums et les réseaux sociaux comme levier

Une arnaque signalée à une autorité, c’est bien. Mais partagée publiquement, c’est encore mieux pour limiter les dégâts. Différents groupes, forums et pages recensent les arnaques en cours :

  • Les forums comme QueChoisir.org, Signal-Arnaques.com
  • Les groupes Facebook centrés sur les arnaques régionales ou sectorielles
  • Twitter/X et TikTok où certains utilisateurs, parfois victimes, documentent leurs mésaventures

Attention toutefois à rester factuel. L’objectif n’est pas de se livrer à une chasse aux sorcières, mais de prévenir. Évitez donc les accusations nominatives sans preuves solides, sous peine de tomber vous-même dans la diffamation (article 29 de la loi du 29 juillet 1881).

Exemple concret : le cas du faux acheteur pressé

Jean, vendeur d’un vélo électrique à 900€, reçoit un message WhatsApp (hors messagerie du site — premier drapeau rouge) d’un acheteur soi-disant “pressé”. Ce dernier se dit actuellement à l’étranger, mais veut “réserver” le vélo avec un virement bancaire. Il envoie une fausse capture d’écran d’un virement réalisé, avant de demander à Jean de lui reverser 200€ pour des “frais de transportaire”, promettant un remboursement immédiat.

Jean, méfiant, contacte sa banque, qui confirme qu’aucun virement n’est en cours. Il signale alors l’arnaque au Bon Coin, sur PHAROS et dépose plainte. Le faux acheteur, utilisant un email généré automatiquement, avait déjà sévi par le passé. La plainte de Jean rejoint un dossier plus large géré par la section cybercriminalité.

Et si Le Bon Coin lui-même ne réagit pas ?

Sachez que l’éditeur d’une plateforme peut voir sa responsabilité engagée s’il ne retire pas rapidement un contenu manifestement illicite après signalement (article 6-I-2 de la loi LCEN du 21 juin 2004).

Si vous constatez que l’annonce frauduleuse demeure affichée plusieurs jours après votre signalement, saisissez la CNIL en cas de traitement abusif de données personnelles, ou la DGCCRF via signal.conso.gouv.fr pour dénoncer un manquement aux obligations légales d’une plateforme.

Prévention : comment éviter de se faire piéger à nouveau

Après un mauvais coup, l’amertume est souvent suivie d’un sentiment de culpabilité. Pourtant, personne n’est à l’abri d’une escroquerie bien rodée. Mais certaines précautions réduisent grandement les risques :

  • Évitez les moyens de paiement non traçables (espèces via mandat cash, chèques, services de transfert anonymes)
  • Privilégiez les transactions en main propre, dans des lieux publics
  • Vérifiez le profil du vendeur ou de l’acheteur : un compte récemment créé sans évaluations, c’est un drapeau rouge
  • Ne communiquez pas hors de la messagerie officielle de la plateforme
  • Gardez une trace de tous les échanges : vous ne savez jamais quand ils pourront servir

Enfin, méfiez-vous de la “piste chaude” des vendanges. Beaucoup d’escrocs opèrent en “vagues” à l’approche des périodes de fin d’année, des rentrées scolaires ou de dates clés dans le calendrier — quand les gens sont plus pressés d’acheter… et parfois moins attentifs.

Un mot pour finir

Signaler une arnaque, ce n’est pas perdre son temps. C’est couper l’herbe sous le pied d’un escroc et éviter que d’autres ne tombent dans le panneau. Chaque signalement compte — même celui des tentatives infructueuses. Car l’escroquerie est une machine bien huilée, mais elle a un talon d’Achille : l’information.

La prochaine fois que vous repérez une annonce douteuse sur Le Bon Coin, ne détournez pas le regard. Le simple fait de cliquer sur “signaler” peut suffire à casser la chaîne. Et plus nous serons nombreux à le faire, plus les margoulins du web auront du mal à sévir. Qu’on se le dise.

Comprendre la nature du litige : arnaque, simple désaccord ou problème de livraison ?

Avant de signaler un problème sur Le Bon Coin, il est essentiel d’identifier précisément dans quelle situation vous vous trouvez. Tout conflit n’est pas forcément une arnaque pénalement répréhensible, mais peut malgré tout justifier une réclamation ou un recours.

  • Arnaque caractérisée : identité usurpée, bien inexistant, faux justificatifs, pression pour payer vite, refus d’utiliser les moyens de paiement sécurisés. Ici, on parle clairement d’escroquerie, avec une intention manifeste de tromper.
  • Litige commercial  » classique «  : produit non conforme à la description, colis endommagé, retard important de livraison, vendeur qui tarde à rembourser. Il peut s’agir d’un manquement contractuel, sans forcément qu’il y ait une volonté malveillante au départ.
  • Malentendu ou problème de communication : rendez-vous manqués, messages qui se croisent, vendeur indisponible quelques jours, acheteur qui change d’avis. Ces situations se résolvent souvent par le dialogue, sans recours extérieur.

Pourquoi cette distinction est-elle importante ? Parce qu’elle conditionne vos démarches :

  • En cas d’arnaque avérée, la priorité est de signaler rapidement à la plateforme, à PHAROS et, si nécessaire, de porter plainte.
  • En cas de litige sur un achat (objet non conforme, colis perdu), commencez par la messagerie interne Le Bon Coin, puis, le cas échéant, par les recours auprès du service client ou des intermédiaires de paiement.
  • En cas de simple malentendu, accordez un délai raisonnable à l’autre partie pour répondre avant de passer à un stade plus formel.

Savoir qualifier la nature de votre problème vous évitera à la fois de minimiser une arnaque réelle… et de vous lancer dans une procédure lourde pour un différend qui pourrait se régler à l’amiable.

Les premiers réflexes en cas de litige sur Le Bon Coin

Si vous sentez que la transaction tourne mal (bien non reçu, objet très différent de l’annonce, vendeur qui ne répond plus), certains réflexes simples peuvent limiter la casse et renforcer votre dossier.

  • Figez les preuves immédiatement : faites des captures d’écran de l’annonce, des échanges de messages, des accusés de réception de paiement, des photos de l’objet reçu (s’il est abîmé ou non conforme).
  • Ne supprimez jamais la conversation dans la messagerie Le Bon Coin : c’est une pièce essentielle en cas de médiation ou de procédure.
  • Revenez systématiquement à la messagerie officielle si l’échange a dérivé vers WhatsApp, SMS ou email. Indiquez-y clairement le problème rencontré pour que tout soit tracé sur la plateforme.
  • Contactez le vendeur ou l’acheteur de manière posée et factuelle : décrivez le problème, proposez des solutions (remboursement partiel, renvoi de l’article, annulation de la vente) et fixez un délai de réponse raisonnable.
  • En cas de paiement avec un service sécurisé (porte-monnaie Le Bon Coin, paiement en ligne, PayPal avec protection des achats, etc.), ouvrez sans tarder un dossier de litige auprès de ce service pour bloquer ou contester la transaction.

Ces gestes simples ne remplacent pas une plainte ou un signalement en cas d’escroquerie, mais ils augmentent nettement vos chances d’obtenir gain de cause lorsqu’il s’agit d’un litige commercial ou d’un désaccord sur la transaction.

Quand et comment signaler un problème à Le Bon Coin (annonce ou utilisateur)

On pense souvent à signaler uniquement une annonce. Pourtant, sur Le Bon Coin, vous pouvez aussi signaler directement un utilisateur si son comportement pose problème. Ces deux leviers sont complémentaires.

  • Signaler depuis une annonce : utile si le contenu lui-même est douteux (photos volées, prix délirant, description incohérente, promesse impossible à tenir). Vous contribuez ainsi à faire retirer une annonce potentiellement dangereuse.
  • Signaler depuis une conversation : pertinent quand c’est le comportement de l’utilisateur qui est problématique (insultes, harcèlement, demandes de paiement hors plateforme, envoi de liens suspects, menaces, chantage).

Dans les deux cas, la logique reste la même :

  • Décrivez les faits de manière précise et chronologique : ce que vous avez vu, ce qui vous a été demandé, à quelles dates.
  • Restez factuel : évitez les jugements de valeur, contentez-vous des faits. Ce sont eux qui permettront à la modération de trancher.
  • Signalez le plus tôt possible : plus le signalement intervient vite, plus la plateforme a de chances d’empêcher d’autres victimes d’être touchées.

Sachez que les signalements répétés à propos d’un même utilisateur peuvent conduire la plateforme à restreindre, suspendre ou fermer son compte. Même si votre cas isolé ne conduit pas à une action immédiate, il nourrit l’historique de l’utilisateur et pèse dans la balance en cas de récidive.

En combinant ces outils (signalement d’annonce, signalement d’utilisateur, plainte et recours externes), vous transformez une mésaventure individuelle en action utile pour l’ensemble de la communauté Le Bon Coin.

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