Dénoncer une arnaque bancaire sur internet

Dénoncer une arnaque bancaire sur internet

Les escroqueries bancaires ont muté à vitesse grand V avec l’explosion du numérique. Un mail frauduleux, un SMS piégé ou même un appel d’un soi-disant conseiller bancaire suffisent aujourd’hui à vider un compte sans que la victime ait le temps de comprendre ce qui lui arrive. Face à ces méthodes de plus en plus sophistiquées, que faire lorsqu’on est victime — ou simple témoin — d’une arnaque bancaire sur internet ? Dénoncer, oui. Mais efficacement, juridiquement, et surtout, rapidement.

Identifier une arnaque bancaire en ligne : ne tombez pas dans le panneau

Avant de parler dénonciation, encore faut-il savoir reconnaître une arnaque. Aujourd’hui, les cybercriminels ne se contentent plus de mails bourrés de fautes aux promesses grotesques. Ils maîtrisent l’art du mimétisme, imitent avec brio des sites bancaires officiels et usurpent des identités téléphoniques.

Les formes les plus courantes ?

  • Phishing (hameçonnage) : réception d’un e-mail ou SMS invitant à cliquer sur un lien frauduleux pour “vérifier votre compte” ou “éviter un blocage”.
  • Scam au faux conseiller bancaire : vous recevez un appel d’un pseudo-agent de votre banque vous alertant d’une “tentative de fraude”. Il vous demande vos identifiants de connexion… et vous tombez dans le piège.
  • Sites clonés : vous croyez vous connecter à votre banque ? Faux. Vous êtes sur un site miroir, conçu pour aspirer vos données.

En 2023, plus de 43 000 signalements relatifs à ce type d’escroqueries ont été recensés par la plateforme Pharos. Et tous n’ont pas été signalés à temps. L’objectif ici, c’est d’éviter que le prochain chiffre, ce soit vous.

Victime ou témoin : pourquoi (et quand) faut-il impérativement dénoncer ?

Une arnaque bancaire n’est pas une simple mésaventure numérique : c’est un délit. Dissimuler une tentative d’escroquerie – même par négligence – peut coûter cher, surtout si vous encouragez involontairement sa prolifération. Par ailleurs, dénoncer permet de :

  • Limitez les dégâts si vous êtes victime (bloquer les transactions, obtenir un remboursement, etc.)
  • Empêcher que d’autres tombent dans le piège (oui, votre signalement peut être déterminant)
  • Aider les autorités compétentes à cartographier les réseaux frauduleux (et les faire tomber, une fois pour toutes)

Autrement dit : fermer les yeux, c’est tendre la main aux arnaqueurs. Alors qu’en réagissant rapidement, vous tenez l’arme du contre-pouvoir.

Les réflexes immédiats à adopter après une arnaque bancaire

Pas de panique : chaque minute compte, mais une réponse méthodique est toujours plus efficace qu’un mouvement de panique. Voici une check-list pratique à suivre dès que vous soupçonnez une arnaque bancaire :

  • Ne cliquez plus nulle part : évitez de replonger dans le piège. Fermez l’onglet, supprimez le mail ou le SMS frauduleux.
  • Bloquez votre carte ou vos accès bancaires via votre application mobile, votre espace client ou un appel direct au service d’urgence de votre banque.
  • Gardez les preuves : captures d’écran, mails, numéros appelants, URL utilisées… Chaque élément servira lors du dépôt de plainte ou du signalement.
  • Contactez immédiatement votre banque et exposez la situation sans enjoliver ni omettre de détails.

Un coup de fil supplémentaire au 0 805 805 817 (numéro anti-arnaque de Cybermalveillance.gouv.fr) peut également vous fournir un accompagnement adapté.

Comment dénoncer une arnaque bancaire :

Vous avez identifié la fraude. Vous avez sécurisé vos comptes. Il est temps de passer à l’étape juridique : la dénonciation formelle. Là encore, méthode et précision priment.

Sur Pharos : la plateforme officielle de signalement

Dirigée par le ministère de l’Intérieur, PHAROS (Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements) s’occupe des infractions sur internet. Rendez-vous sur internet-signalement.gouv.fr.

Remplir un formulaire avec :

  • Les faits observés
  • Les coordonnées du site ou de l’expéditeur
  • Vos constatations précises (dates, heures, etc.)

L’envoi est anonyme si vous le souhaitez, mais un signalement nominatif a plus de poids et permet aux enquêteurs de vous recontacter en cas de besoin.

Déposez plainte auprès des forces de l’ordre

Contrairement à une idée reçue : oui, vous pouvez porter plainte même si vous avez “seulement” cliqué sur un lien ou communiqué des données. Le vol d’identité, par exemple, est un délit puni par la loi (article 226-4-1 du code pénal).

Deux options :

N’oubliez pas vos éléments de preuve. Et ne partez pas sans un récépissé de dépôt de plainte.

Signalez le site ou le compte frauduleux

Si le scam implique un faux site ou un faux profil sur les réseaux sociaux, vous pouvez également agir :

  • Via SignalConso (signal.conso.gouv.fr) pour les escroqueries commerciales en ligne.
  • En signalant les contenus directement sur la plateforme concernée (Facebook, Twitter, Instagram, etc.)

Certes, vous ne ferez pas fermer Amazon du jour au lendemain. Mais déclencher une vérification peut mener au bannissement d’un profil frauduleux ou à la fermeture d’un site escroc.

Et si la banque refuse de rembourser après l’arnaque ?

Voilà une autre facette insidieuse des arnaques numériques : certaines banques, en cas “d’erreur de vigilance” du client, refusent de rembourser. Pourtant, la loi protège les victimes dans une majorité de cas.

L’article L133-18 du Code monétaire et financier oblige la banque à rembourser toute opération de paiement non autorisée si elle a été signalée promptement (dans les 13 mois au maximum, mais idéalement en quelques jours). La charge de la preuve revient à la banque : elle doit démontrer que vous avez agi avec “fraude ou négligence grave”. Ce n’est pas une mince affaire.

En cas de refus :

  • Demandez une explication écrite, noir sur blanc
  • Adressez-vous au médiateur bancaire (coordonnées disponibles sur le site de votre banque)
  • Et si nécessaire, saisissez la justice via une procédure civile

Un conseil : n’acceptez jamais un refus ou un silence comme une réponse définitive. Vous êtes dans votre droit. Faites-le valoir.

Prévenir plutôt que guérir : adoptez les bons réflexes

On ne le dira jamais assez : en matière d’arnaques bancaires, la meilleure défense reste la vigilance. Voici quelques mesures simples mais redoutablement efficaces :

  • Ne communiquez jamais vos identifiants bancaires, même à un soi-disant conseiller
  • Activez la double authentification sur vos outils bancaires
  • Installez un antivirus fiable et mettez à jour vos logiciels
  • Vérifiez l’URL de votre banque (https, certificat de sécurité, etc.)
  • Méfiez-vous des urgences : “Réagissez dans les 15 minutes” = arnaque 99% du temps

Enfin, éduquez votre entourage. Les escrocs ciblent souvent les plus vulnérables : personnes âgées, peu à l’aise avec le numérique… Une discussion peut éviter bien des drames.

Un citoyen vigilant en vaut deux

Dénoncer une arnaque bancaire sur internet, ce n’est pas seulement protéger son portefeuille. C’est participer à l’assainissement du web, remettre les cybercriminels à leur place, et surtout, ne pas laisser la peur ou l’ignorance miner notre confiance numérique. Informé, outillé et actif : voilà ce que doit être le citoyen 2.0.

Le signalement n’est pas une option. C’est un acte de responsabilité. Et face à un système qui joue sur le silence de ses victimes, faire entendre sa voix est plus qu’un droit : c’est une nécessité.

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  • Informations juridiques : connaître vos droits et les démarches possibles face à une infraction numérique.
  • Réseau d’entraide : des témoignages, des conseils partagés, et la mise en relation avec des structures d’aide (associations, avocats, plateformes officielles, etc.).