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Sextorsion plainte : comment réagir face au chantage et déposer un signalement efficace

Sextorsion plainte : comment réagir face au chantage et déposer un signalement efficace

Sextorsion plainte : comment réagir face au chantage et déposer un signalement efficace

Recevoir un message qui menace de diffuser des photos intimes si vous ne payez pas. Voir votre nom, parfois votre entreprise ou votre famille mentionnés. Se sentir piégé, honteux, paniqué. C’est exactement là que jouent les auteurs de sextorsion : sur la peur et le silence.

Bonne nouvelle : vous n’êtes ni le premier, ni le dernier, et surtout, vous n’êtes pas sans recours. La sextorsion est une infraction pénale. Elle se combat juridiquement, pas seul dans son coin avec une carte bancaire à la main.

Qu’est-ce que la sextorsion, juridiquement parlant ?

La sextorsion, ce n’est pas un “simple” chantage gênant. C’est un ensemble d’infractions que le droit français prend très au sérieux.

Dans la majorité des cas, on retrouve :

Que la personne à l’autre bout soit en France ou à l’étranger ne change rien à la qualification des faits : vous êtes victime. Et les auteurs commettent des infractions graves.

Autre point important : que les images soient réelles, truquées (deepfake), ou partiellement inventées, la menace de les diffuser suffit. L’infraction naît avec le chantage, pas avec la diffusion effective.

Les premiers réflexes : quoi faire dans les premières heures

C’est souvent à ce moment-là que tout se joue. Certains cèdent, paient, suppriment leurs comptes, s’isolent. Mauvaise stratégie. Voici l’ordre de marche concret.

1. Ne payez pas.

Payer ne garantit absolument rien, au contraire. Dans la majorité des dossiers, une fois qu’un premier paiement est effectué :

Vous n’achetez pas le silence, vous financez votre propre harcèlement.

2. Ne supprimez pas les conversations.

Réflexe classique : tout effacer “pour ne plus voir ça”. Juridiquement, c’est catastrophique. Vous détruisez vos preuves. Conservez tout. Nous verrons plus bas comment les archiver correctement.

3. Coupez le contact, mais gardez les traces.

Inutile de négocier, d’insulter, de promettre, de supplier. La personne en face a un script, pas un état d’âme. Ce que vous pouvez faire :

4. Parlez à au moins une personne de confiance.

C’est stratégique, pas psychologique seulement. Avoir un témoin de votre situation, dès le début, peut aider ensuite :

5. Sécurisez vos comptes immédiatement.

Si vous avez partagé des informations personnelles (adresse mail, pseudo réutilisé ailleurs, nom, etc.) :

Constituer un dossier de preuves solide

Votre objectif : arriver à la gendarmerie ou au commissariat avec un dossier clair, structuré, exploitable. Moins les enquêteurs perdent de temps à démêler vos pièces, plus ils peuvent en consacrer à l’enquête.

Ce qu’il faut impérativement conserver :

Idéalement, organisez ces éléments dans un dossier :

Plus votre récit est chronologique et factuel, plus la plainte sera claire.

Déposer plainte : où, comment et quoi dire

En France, vous pouvez déposer plainte :

Vous pouvez aussi utiliser la pré-plainte en ligne (site officiel : service-public.fr) pour préparer votre dépôt, puis prendre rendez-vous pour signature.

Point clé : vous avez le droit de porter plainte, même si :

On parle alors de plainte contre X. C’est la norme dans les dossiers de cybercriminalité.

Que dire précisément lors du dépôt ?

Évitez les discours confus. Allez à l’essentiel. Par exemple :

« Le [date], j’ai été contacté(e) via [nom de la plateforme] par le compte [pseudo]. Après un échange de messages et l’envoi d’images à caractère sexuel, cette personne m’a menacé(e) de diffuser ces images à mes contacts / sur internet si je ne versais pas d’argent. Elle m’a demandé [montant] via [moyen de paiement] et a renouvelé les menaces à plusieurs reprises. J’ai conservé l’intégralité des échanges et des preuves de ce chantage. »

Vous pourrez ensuite détailler :

Et si on refuse ma plainte ?

En principe, la police ou la gendarmerie ne peuvent pas refuser de prendre votre plainte. Si l’on vous propose de déposer une “simple main courante” et que vous subissez un chantage, insistez calmement sur le fait :

En cas de difficulté manifeste, vous pouvez adresser directement une plainte écrite au procureur de la République de votre lieu de résidence, en recommandé avec accusé de réception, en joignant vos preuves.

Mineur ou parent de mineur victime : dispositifs spécifiques

Si la victime a moins de 18 ans, la situation est encore plus grave juridiquement. Les dispositifs de protection sont renforcés.

Au-delà de la plainte, il est fortement conseillé de contacter :

Le discours à l’enfant doit être clair : il n’est pas coupable. L’auteur profite de sa naïveté et commet, lui, un délit voire un crime.

Signaler en parallèle : Pharos, plateformes, banques

La plainte vise le pénal. Les signalements parallèles servent à limiter les dégâts et faciliter l’enquête.

1. Plateforme de signalement PHAROS

Vous pouvez signaler les faits sur la plateforme officielle :

Choisissez la catégorie adaptée (chantage, escroquerie, harcèlement, diffusion de contenu sexuel…). C’est un canal direct vers les services spécialisés.

2. Réseaux sociaux et sites utilisés

Sur chaque plateforme (Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat, etc.), utilisez les outils de signalement internes pour :

Joignez, si possible, le numéro de plainte ou mentionnez que vous avez déposé plainte dans votre demande, cela peut accélérer certains traitements.

3. Banques et moyens de paiement

Si vous avez versé de l’argent :

Les chances de récupérer les sommes sont variables, mais ce signalement permet au minimum de limiter les risques de nouvelles fraudes.

Et si les images sont déjà diffusées ?

Vous découvrez que des images circulent déjà sur un réseau social ou un site porno ? Là aussi, il existe des leviers concrets.

1. Demande de retrait et de suppression

Sur chaque plateforme :

Les grandes plateformes ont désormais des procédures spécifiques pour la “pornographie de vengeance” et les contenus intimes non consentis.

2. Déréférencement auprès des moteurs de recherche

Si un contenu apparaît en tapant votre nom sur Google, vous pouvez :

3. CNIL et droit à l’effacement

Vous pouvez également, dans certains cas, saisir la CNIL lorsqu’un site refuse de retirer des contenus qui portent clairement atteinte à vos droits (vie privée, image, données personnelles).

Prévenir une nouvelle sextorsion : quelques règles d’hygiène numérique

Le but n’est pas de culpabiliser la victime, mais d’anticiper les prochains pièges. Les réseaux restent ce qu’ils sont : un terrain de chasse pour certains.

Quelques réflexes simples :

La règle à garder en tête : tout ce qui passe par une caméra ou un écran peut, un jour, être intercepté, volé, enregistré, détourné. Cela ne veut pas dire vivre dans la paranoïa, mais savoir ce qu’on risque techniquement si les choses dérapent.

Se faire accompagner : avocat, associations, soutien psy

Selon la gravité des faits et leur impact, se battre seul contre une sextorsion peut vite devenir épuisant. Plusieurs types d’aide existent.

1. Un avocat pénaliste ou spécialisé en droit du numérique

Utile si :

L’avocat pourra :

2. Associations d’aide aux victimes

De nombreuses structures (France Victimes, associations locales, etc.) peuvent :

3. Soutien psychologique

La sextorsion ne se résume pas à un “problème d’internet”. Elle touche l’intimité, l’image de soi, parfois le couple, le travail. Ce n’est pas un signe de faiblesse de consulter, mais un réflexe sain.

La honte est l’arme principale des auteurs de sextorsion. Le droit, la parole et les preuves sont les vôtres. Tant que vous restez isolé, ils ont l’avantage. Dès que vous documentez, signalez et portez plainte, la partie change de camp.

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