Face à la multiplication des arnaques en ligne, des fraudes fiscales, des abus au travail ou encore des escroqueries à la carte bancaire, beaucoup de personnes ignorent vers quel service fraudes se tourner et comment signaler efficacement les faits. Entre peur des représailles, manque d’informations pratiques et complexité des démarches, il est facile de se résigner et de laisser la situation se détériorer. Pourtant, en France comme en Europe, il existe une véritable architecture de services publics, de plateformes en ligne et de numéros dédiés pour vous aider à dénoncer de façon sécurisée, parfois anonyme, les comportements illégaux.
Cyberdénonciation s’inscrit précisément dans cette logique : vous fournir un guide clair, neutre et pratique pour savoir quand, comment et à qui signaler une fraude. L’objectif n’est pas d’encourager la délation abusive, mais de rappeler vos droits et obligations légales et de vous donner des points de repère fiables. Que vous soyez victime directe (escroquerie, vol de carte, harcèlement, faux sites de vente) ou simple témoin d’une infraction (fraude aux impôts, travail dissimulé, corruption, abus de pouvoir), vous disposez de moyens concrets pour agir.
Dans cet article, vous allez découvrir comment fonctionne un service fraudes, quels sont les principaux interlocuteurs en ligne et hors ligne, comment rassembler les bonnes informations avant de faire un signalement, et comment protéger votre identité ainsi que vos droits, notamment au travail ou en famille. Vous verrez aussi des exemples concrets de situations et la meilleure façon de les gérer, étape par étape. L’idée est que, à la fin de votre lecture, vous sachiez exactement à quel site ou à quel service vous adresser pour votre cas particulier et comment formuler un signalement utile, recevable et sécurisé.
Les démarches de dénonciation peuvent sembler intimidantes, surtout si vous n’avez jamais eu affaire à la police, à la justice ou à l’administration. Mais avec les bons réflexes et quelques conseils pratiques, il devient beaucoup plus simple de signaler une fraude, de fermer la porte à des comportements abusifs et de vous protéger, vous et les autres. Le but de ce guide est précisément de vous accompagner sur ce chemin, en gardant une approche équilibrée, respectueuse de la loi et des droits de chacun.
Qu’est-ce qu’un service fraudes et quel problème avez-vous rencontré ?
Avant de choisir vers qui vous tourner, il est essentiel de bien comprendre ce que recouvre la notion de « service fraudes ». Il ne s’agit pas d’un unique organisme, mais plutôt d’un ensemble de dispositifs : services de police spécialisés, plateformes gouvernementales en ligne, services client dédiés aux fraudes bancaires, cellules internes aux entreprises (pour la corruption ou les abus de pouvoir), autorités administratives indépendantes, etc. Chacun a son champ de compétence, ses procédures, et parfois ses limites.
La première question à vous poser est donc : « Quel problème ai-je rencontré ? ». Selon la situation, votre démarche et votre interlocuteur ne seront pas les mêmes. Il peut s’agir de :
- Fraude financière : débit suspect sur votre compte, utilisation frauduleuse de votre carte bancaire, investissement douteux, faux conseiller bancaire, usurpation d’identité pour contracter un crédit.
- Escroqueries en ligne : faux sites de vente, phishing (hameçonnage), demandes de paiement via des cartes cadeaux, arnaques aux petites annonces, faux support technique.
- Fraude sociale ou fiscale : travail au noir, déclarations mensongères, détournement d’aides sociales, montage fictif pour éviter l’impôt.
- Fraudes au travail : fausses facturations, détournements de fonds, trucage de comptes, corruption, fraude aux appels d’offres.
- Abus de faiblesse ou violences : escroquerie visant une personne vulnérable, pression familiale pour signer des documents, abus dans un contexte de dépendance.
Chaque type de fraude renvoie à un cadre juridique spécifique (escroquerie, abus de confiance, harcèlement, corruption, blanchiment, etc.) et à des services spécialisés. L’erreur fréquente est de ne pas identifier précisément la nature des faits, ce qui peut mener à un signalement mal orienté, donc moins efficace. Par exemple, contacter votre banque pour un problème de faux site de vente ne sera utile que si un paiement par carte a été réalisé. Si votre objectif est aussi de faire fermer un site frauduleux, il faudra en plus vous tourner vers un service en ligne de signalement, comme la plateforme dédiée du ministère de l’Intérieur.
Un bon réflexe est de noter, noir sur blanc, ce qui s’est passé : dates, sommes en jeu, personnes impliquées, supports utilisés (emails, SMS, téléphone, réseau social, site internet). Ce simple inventaire vous aidera à décrire les faits avec précision auprès du bon service fraudes, et à comprendre si vous êtes face à une arnaque isolée ou à un schéma plus organisé. Dans bien des cas, vous n’êtes pas la seule victime, et votre signalement peut contribuer à une action plus large des autorités ou d’autres victimes.
Garder cette approche factuelle et structurée est fondamental. Il ne s’agit pas d’exprimer uniquement votre colère ou votre sentiment d’injustice, mais de fournir des informations exploitables. C’est ce qui permettra au service concerné de qualifier juridiquement les faits, d’ouvrir éventuellement une enquête, de bloquer une carte ou de fermer un compte, ou encore de saisir un site suspect pour le faire retirer.
Les principaux types de fraudes et les services compétents pour les signaler
Pour utiliser efficacement un service fraudes, vous devez savoir « qui fait quoi ». En France, plusieurs acteurs publics et privés se partagent la lutte contre les fraudes, chacun sur un périmètre précis. Avoir ce panorama en tête vous évite de perdre du temps et augmente vos chances d’obtenir une réponse rapide et adaptée.
Fraudes bancaires et à la carte de paiement
Si votre carte bancaire a été utilisée sans votre accord, ou si des virements suspects apparaissent sur votre compte, votre premier réflexe doit être de contacter immédiatement le service client ou le service fraudes de votre banque. Chaque établissement dispose d’un numéro d’urgence (souvent indiqué au dos de la carte ou sur le site de la banque) pour faire opposition. Plus vous agissez vite, plus vous limitez les pertes et plus il sera facile d’obtenir un remboursement, si les conditions sont réunies.
Dans ce cas, préparez les informations suivantes : numéro de carte (si disponible), dernières opérations que vous reconnaissez, date à laquelle vous avez constaté la fraude, supports suspects reçus (emails, SMS demandant des codes, appels). Votre banque vous demandera ensuite de compléter une contestation écrite, souvent en ligne, en listant les opérations frauduleuses. En parallèle, il est fortement conseillé de déposer plainte (commissariat, gendarmerie ou plainte en ligne) pour renforcer votre dossier et permettre une enquête.
Escroqueries en ligne et faux sites de vente
De nombreux services sont dédiés aux escroqueries numériques. Lorsque vous tombez sur un faux site de vente, un mail suspect ou un message qui imite un organisme officiel, votre premier réflexe doit être de ne jamais communiquer vos codes, ni de payer sans vérifier. Si vous avez déjà payé, ou si vous avez fourni des informations sensibles, il est essentiel de signaler rapidement les faits.
Vous pouvez par exemple utiliser les plateformes de signalement dédiées aux contenus et comportements illégaux sur internet. Elles permettent de transmettre l’URL du site, des captures d’écran, et d’expliquer ce qu’il s’est passé. Cela aide les autorités à repérer les faux sites, à les faire fermer, ou à diffuser des alertes plus larges. Par ailleurs, si un paiement par carte a été réalisé sur un site frauduleux, la combinaison « service fraudes » de votre banque + signalement en ligne est indispensable.
Fraude fiscale, sociale et abus au travail
Pour les fraudes liées aux impôts, aux prestations sociales ou aux abus dans l’entreprise (travail dissimulé, fausse facturation, détournement de fonds, harcèlement avec dimension frauduleuse), les interlocuteurs changent. Vous pouvez être amené à :
- Utiliser les formulaires dédiés au signalement de fraude fiscale ou sociale, généralement accessibles directement en ligne sur le site de l’administration concernée.
- Vous adresser au service de ressources humaines, au référent éthique ou au dispositif interne d’alerte de votre entreprise, notamment dans le cadre des dispositifs lanceurs d’alerte prévus par la loi.
- Contacter une autorité indépendante (par exemple le Défenseur des droits pour certaines discriminations ou abus au travail) ou un syndicat, qui peut vous guider dans les démarches.
Dans ce type de situation, il est essentiel de distinguer ce qui relève d’un conflit interpersonnel (qui peut être grave, mais pas forcément frauduleux) de ce qui constitue une infraction aux règles et aux lois (fraude, corruption, abus de biens sociaux, etc.). Les services compétents ont besoin de faits précis : montants en jeu, durée, circuits financiers, documents, mails internes, témoignages.
Abus de faiblesse, violences et contexte familial
Lorsque des fraudes ou escroqueries visent des personnes vulnérables (personnes âgées, malades, mineurs), la dimension pénale est souvent aggravée (abus de faiblesse, violences psychologiques, etc.). Vous pouvez alors vous tourner vers les services de police ou de gendarmerie, mais aussi vers des numéros d’écoute spécialisés et les services sociaux de votre mairie ou de votre département. Ces interlocuteurs peuvent vous indiquer la meilleure façon de signaler les faits tout en protégeant la personne concernée.
Dans tous ces cas, le point central reste la même logique : identifier correctement le type de fraude et le service fraudes compétent, préparer des informations claires et ne pas attendre que la situation s’aggrave. Un signalement précoce, même si vous n’êtes pas certain de tout, permet souvent d’éviter des dommages bien plus importants, pour vous et pour d’autres victimes potentielles.
Comment préparer un signalement efficace : informations à rassembler et erreurs à éviter
Un service fraudes, qu’il soit bancaire, administratif ou judiciaire, ne peut agir correctement que si vous lui fournissez des informations utilisables. Beaucoup de signalements échouent ou stagnent parce qu’ils sont trop vagues, émotionnels ou incomplets. Savoir comment préparer votre démarche est donc aussi important que de connaître le bon interlocuteur.
Les informations essentielles à réunir
Avant de remplir un formulaire en ligne, d’appeler un service ou de vous rendre dans un commissariat, prenez le temps de rassembler les éléments suivants :
- Qui ? Les personnes physiques ou morales impliquées : nom, prénom, raison sociale, adresse, numéro de téléphone, adresse email, identifiants sur un site ou un réseau social, etc.
- Quoi ? La description précise des faits : nature de la fraude (carte bancaire, impôts, faux site, travail, famille), montants en jeu, objets achetés, services promis et non fournis, documents signés.
- Quand ? Les dates et heures approximatives : premier contact, paiement, découverte de la fraude, derniers échanges.
- Où ? Lieu physique (agence, boutique, domicile) ou lieu virtuel (URL du site, plateforme en ligne, application).
- Comment ? Le mode opératoire : appel téléphonique, SMS, mail, message sur un réseau social, site de vente, rencontre en personne, pression dans le cadre familial ou professionnel.
Gardez autant que possible les preuves : captures d’écran du site ou des messages, emails, contrats, tickets de caisse, relevés bancaires, courriers. Ne les modifiez pas, ne les annotez pas directement ; gardez-les dans leur version originale et, si besoin, faites-en des copies pour votre usage personnel. Ces éléments seront utiles pour étayer votre signalement et, le cas échéant, pour une procédure pénale ou civile.
Les formulations à privilégier
Lors de votre signalement, privilégiez des phrases courtes, factuelles, en évitant les jugements de valeur. Au lieu d’écrire par exemple « Ce site est forcément tenu par des escrocs », écrivez plutôt : « J’ai passé une commande le [date] sur le site [nom/URL], payé par carte pour un montant de [somme]. Je n’ai jamais reçu le produit. Le service client ne répond pas depuis [durée]. » Une approche neutre facilite le travail du service fraudes, qui doit rester objectif.
Vous pouvez structurer votre récit en plusieurs paragraphes : situation initiale, déroulement des faits, constatation de la fraude, démarches déjà entreprises (contact de votre banque, du support du site, d’un avocat). Mentionnez si d’autres victimes sont concernées (forums, avis en ligne, retours d’amis ou de collègues), sans pour autant les citer nominativement si vous n’avez pas leur accord.
Les erreurs fréquentes à éviter
Plusieurs erreurs reviennent souvent dans les démarches auprès d’un service fraudes :
- Attendre trop longtemps avant de signaler : certains recours sont soumis à des délais (remboursement bancaire, prescription pénale, recours administratifs).
- Supprimer des messages ou des emails par réflexe de protection : ces contenus peuvent pourtant constituer des preuves cruciales.
- Répondre aux fraudeurs en les insultant ou en les menaçant : cela peut dégrader votre position et parfois compliquer les investigations.
- Communiquer à nouveau des informations sensibles après la fraude (codes reçus par SMS, copies de carte, pièces d’identité) en espérant récupérer votre argent.
- Confondre un service officiel avec un faux site « d’assistance » ou de « récupération » qui ajoute de la fraude à la fraude.
Avant de donner suite à une demande, vérifiez toujours l’authenticité du site ou du numéro de téléphone : adresse exacte, protocole sécurisé (https), présence sur les annuaires officiels, avis vérifiés, etc. Un vrai service fraudes, surtout s’il émane d’une banque, d’une administration ou d’un grand site de vente, ne vous demandera jamais de lui transmettre votre code confidentiel ou de réaliser un virement pour « sécuriser » votre compte.
Enfin, si vous avez un doute sur la meilleure façon de décrire la situation ou sur le bon interlocuteur, prenez appui sur des guides fiables comme Cyberdénonciation. Ils vous aideront à traduire une expérience parfois confuse en un signalement clair, structuré, compatible avec les exigences des services publics et privés.
Services fraudes en ligne : comment utiliser les plateformes officielles pour signaler
De plus en plus de démarches se font désormais en ligne. Pour vous, cela signifie la possibilité de signaler rapidement une fraude, sans vous déplacer, en suivant un parcours guidé. Encore faut-il savoir identifier les bons sites et les utiliser correctement. Un service fraudes en ligne propose généralement un formulaire, des choix de catégories (escroquerie, hameçonnage, faux site de vente, etc.), et des champs pour télécharger des pièces jointes.
Reconnaître un site officiel et fiable
Pour éviter les pièges des faux « services d’aide », vérifiez systématiquement :
- L’URL exacte du site : les portails officiels utilisent généralement des domaines en .gouv.fr, .eu ou des domaines clairement associés à des grandes institutions.
- La présence d’informations légales complètes : mentions légales, politique de confidentialité, conditions générales d’utilisation.
- La cohérence graphique et textuelle : orthographe, logo, liens vers d’autres services publics connus.
- L’absence de demande de paiement ou de coordonnées bancaires pour simplement signaler une fraude.
Si vous arrivez sur un site par un lien reçu par mail ou par message, ne vous fiez pas uniquement à ce lien. Tapez directement l’adresse officielle dans votre navigateur ou passez par un moteur de recherche pour vérifier que vous êtes bien sur le bon site. Un service fraudes digne de ce nom ne vous impose jamais une démarche par un lien obscur ou un formulaire sans identité claire.
Remplir un formulaire de signalement en ligne
Les formulaires en ligne sont conçus pour vous guider. Ils vous posent souvent des questions du type : « Quel problème avez-vous rencontré ? », « Sur quel site ? », « À quelle date ? », « Montant de la perte ? ». Prenez le temps d’y répondre de manière précise, même si cela vous semble répétitif par rapport à ce que vous avez déjà noté. Chaque champ a son utilité pour le traitement automatisé ou humain de votre demande.
Lorsque vous téléchargez des documents, privilégiez des fichiers lisibles (PDF, images nettes, captures d’écran) et évitez de surcharger le service avec des dizaines de pièces sans pertinence. Choisissez les preuves les plus significatives : échange montrant la demande de paiement, relevé bancaire faisant apparaître le débit, page du site où l’offre mensongère est visible, etc.
Certains services en ligne permettent un suivi de votre signalement via un espace personnel ou un numéro de dossier. Notez ces références : elles seront utiles si vous devez relancer, compléter les informations ou les communiquer à un autre interlocuteur (banque, avocat, police). Un bon réflexe est de conserver une copie de ce que vous avez envoyé (par capture d’écran ou en téléchargeant un récapitulatif, lorsque c’est proposé).
Interactions avec d’autres services à partir du signalement en ligne
Un signalement en ligne n’est pas toujours une fin en soi. Il peut déclencher ou compléter d’autres démarches. Par exemple :
- Après avoir signalé un faux site de vente, vous pouvez transmettre le numéro de dossier à votre banque pour étayer votre demande de contestation de paiement.
- Si vous avez rempli un formulaire pour une fraude aux impôts ou aux aides sociales, il pourra être utile de mentionner ce signalement lors d’un dépôt de plainte ou dans un courrier à un avocat.
- Certains sites proposent des liens directs vers des fiches pratiques pour vous expliquer les étapes suivantes : dépôt de plainte, contact avec un service social, déclaration à votre assureur, etc.
À ce stade, il est important de rester vigilant aux tentatives de récupération frauduleuse de votre signalement. Des escrocs peuvent se faire passer pour un « service d’assistance » après un premier contact en ligne. Le critère central reste l’absence de demande de paiement ou de divulgation de codes confidentiels en échange d’une soi-disant aide. Si une « aide » vous semble suspecte, mettez fin immédiatement à l’échange et retournez toujours vers le site ou le numéro officiel indiqué sur les portails publics ou par votre banque.
Signaler une fraude au travail ou dans la sphère privée : droits, obligations et protection
Signaler une fraude ne se limite pas aux situations bancaires ou en ligne. De nombreuses personnes sont confrontées à des comportements illégaux dans leur entreprise, leur administration, leur association, ou encore dans leur famille : détournement de fonds, fraudes aux déclarations, harcèlement moral avec dimension frauduleuse, abus de faiblesse, violences économiques. Dans ces contextes, la question de votre protection est centrale, surtout si vous craignez des représailles.
Le cadre légal du lanceur d’alerte
En France et en Europe, des textes encadrent la figure du lanceur d’alerte, c’est-à-dire la personne qui signale, de bonne foi, une violation grave des lois, de l’intérêt général ou des droits fondamentaux. Si votre démarche s’inscrit dans ce cadre (fraude massive, corruption, menaces graves sur la santé publique, l’environnement, etc.), vous pouvez bénéficier de protections spécifiques : interdiction des mesures de représailles au travail, anonymat relatif, recours possibles en cas de sanction.
Concrètement, cela implique souvent un parcours en plusieurs étapes :
- Utiliser d’abord les canaux internes de signalement prévus par votre entreprise ou votre administration (référent éthique, service dédié, plateforme en ligne interne).
- Si ces canaux sont inexistants, inefficaces ou compromis, vous tourner vers des autorités extérieures (autorité administrative indépendante, parquet, organisme de contrôle).
- Documenter soigneusement les faits que vous signalez ainsi que d’éventuelles mesures de pression ou de représailles subies après votre alerte.
Dans ce cadre, un service fraudes interne à l’entreprise ou un canal d’alerte externe peut coexister. L’essentiel est de choisir une voie qui préserve votre sécurité juridique et, si nécessaire, votre anonymat. Des associations spécialisées et des avocats peuvent aussi vous accompagner pour construire un signalement solide et conforme à la loi.
Fraudes et abus dans la sphère familiale
Les fraudes ne se limitent pas au monde professionnel. Elles peuvent se produire dans la famille : manipulation de comptes bancaires d’une personne âgée, signature forcée de documents, détournement d’allocations familiales, pressions pour renoncer à des droits. Ces situations sont souvent difficiles à dénoncer, car elles touchent des proches et s’entremêlent avec des conflits affectifs.
Pour autant, la loi protège les personnes vulnérables et réprime les abus de faiblesse. Vous pouvez vous adresser aux services sociaux de votre mairie ou de votre département, à des associations d’aide aux victimes, à des numéros d’écoute ou aux forces de l’ordre. Là encore, la collecte d’informations factuelles (relevés, attestations, échanges écrits) est importante pour qu’un service fraudes ou un magistrat puisse analyser la situation.
Si vous êtes témoin et non victime directe, vous pouvez signaler sans forcément dévoiler tous les détails de votre relation familiale dans un premier temps. Les professionnels (assistants sociaux, juristes d’association, travailleurs médico-sociaux) sauront vous orienter, vous expliquer ce qui est légal ou non, et vous aider à trouver un équilibre entre protection de la personne et respect de la vie privée.
Harcèlement, pression et dimension frauduleuse
Dans certains cas, la fraude s’articule avec du harcèlement ou de la violence psychologique : menaces pour obtenir des signatures, chantage émotionnel pour soutirer de l’argent, pression au travail pour participer à des montages illégaux. Ces situations doivent être décrites dans leur globalité, et pas seulement sous l’angle financier.
Vous pouvez alors cumuler plusieurs démarches : signaler la fraude à un service compétent (banque, administration, autorité de contrôle) et dénoncer le harcèlement à des instances adaptées (RH, inspection du travail, police, associations spécialisées). L’articulation de ces démarches n’est pas toujours simple, mais vous n’êtes pas obligé de tout faire seul. Un accompagnement juridique ou associatif peut être précieux pour ne pas vous perdre dans la complexité des procédures.
Enfin, n’oubliez pas que, dans tous ces contextes, le droit ne vous impose pas de tolérer un comportement illégal par loyauté familiale ou professionnelle. Vos démarches doivent rester proportionnées, honnêtes et factuelles, mais vous avez le droit – et parfois le devoir – de signaler ce qui porte atteinte à la loi, à l’intérêt général ou à l’intégrité des personnes.
Se protéger après une fraude : démarches complémentaires, suivi et bonnes pratiques
Signaler une fraude à un service dédié est une étape essentielle, mais ce n’est pas la seule. Pour limiter les conséquences et éviter de nouvelles atteintes, vous devez aussi adopter quelques réflexes de protection, à la fois techniques, juridiques et pratiques. L’objectif est double : réparer autant que possible le préjudice subi et réduire les risques de récidive.
Sécuriser vos moyens de paiement et vos accès
Après une fraude impliquant une carte bancaire, un compte en ligne ou des identifiants, voici les actions prioritaires :
- Mettre en opposition votre carte ou vos moyens de paiement dès que possible, via le numéro d’urgence de votre banque ou son site sécurisé.
- Changer vos mots de passe sur les principaux services (messagerie, réseaux sociaux, plateformes de vente, espace client bancaire), en utilisant des mots de passe forts et uniques.
- Activer, lorsque c’est possible, la double authentification (2FA) sur vos comptes sensibles pour rendre plus difficile leur piratage.
- Vérifier régulièrement vos relevés bancaires et vos historiques de connexion sur les sites importants pour détecter rapidement toute activité anormale.
Ces réflexes doivent devenir des automatismes. Un service fraudes bancaire ou en ligne vous donnera souvent des recommandations similaires, mais c’est à vous de les mettre en œuvre au plus vite. Plus vous attendez, plus les fraudeurs peuvent exploiter vos données.
Suivre vos démarches et conserver un dossier complet
Chaque fois que vous signalez une fraude – que ce soit à votre banque, à une administration, à un site officiel ou à la police – conservez les preuves de cette démarche :
- Accusés de réception de vos signalements en ligne.
- Numéros de dossiers communiqués par les services.
- Copies des courriers envoyés et reçus.
- Notes sur les échanges téléphoniques (date, heure, nom de l’interlocuteur, décisions évoquées).
Ce suivi est non seulement utile pour relancer un service en cas d’absence de réponse, mais aussi pour faire valoir vos droits par la suite (remboursement, indemnisation, prise en compte de votre statut de victime si une procédure judiciaire est ouverte). En cas de litige avec un service qui refuserait d’agir ou de vous informer, ce dossier complet pourra être transmis à un médiateur, à une autorité de contrôle ou à un avocat.
Prendre en compte l’impact psychologique et social
Être victime de fraude n’est pas seulement une question d’argent ou de démarche administrative. Cela peut générer un fort sentiment de honte, de culpabilité ou de méfiance générale. Certains victimes n’osent plus acheter en ligne, répondre à des appels ou faire confiance à leur entourage. De même, signaler des fraudes au travail ou dans la famille peut entraîner des tensions, voire une rupture de relations.
Prendre soin de vous après ces événements est important. Parler de ce qui s’est passé avec une personne de confiance (ami, famille, professionnel, association d’aide aux victimes) permet souvent de relativiser, de reprendre confiance et d’éviter de s’isoler. Les services d’aide aux victimes, les psychologues et certaines associations proposent des accompagnements spécifiques pour les personnes affectées par des fraudes ou des arnaques, en particulier les plus vulnérables.
Développer de bons réflexes pour l’avenir
Enfin, chaque expérience de fraude peut devenir une source d’apprentissage – sans minimiser la gravité du préjudice subi. Vous pouvez par exemple :
- Vous informer sur les principales pratiques frauduleuses en cours (phishing, faux conseillers, arnaques aux investissements) via des fiches pratiques et des sites d’information officiels.
- Mettre en place des règles simples : ne jamais communiquer de codes par téléphone, vérifier l’adresse exacte d’un site avant de payer, se méfier des offres trop alléchantes, vérifier auprès d’un proche avant toute décision importante.
- Partager vos connaissances avec votre entourage, notamment les personnes les plus à risque (personnes âgées, jeunes adultes, proches peu à l’aise avec le numérique).
En combinant un bon usage des services fraudes disponibles, des démarches structurées et ces réflexes de prévention, vous augmentez significativement votre niveau de protection. Cyberdénonciation a vocation à vous accompagner dans ce mouvement : savoir, anticiper, signaler et se défendre face aux comportements illégaux ou abusifs, en respectant vos droits et ceux des autres.

