Site icon

Les moyens de signaler anonymement un cybercriminel

Les moyens de signaler anonymement un cybercriminel

Les moyens de signaler anonymement un cybercriminel

Pourquoi signaler un cybercriminel anonymement ?

Le cyberespace n’a jamais été aussi peuplé… ni aussi dangereux. Arnaques en ligne, harcèlement numérique, vol de données, usurpation d’identité : les cybercriminels pullulent, et les victimes se multiplient à mesure que notre vie bascule dans le tout numérique. Face à cette réalité, un réflexe essentiel s’impose : signaler.

Mais lorsqu’on envisage de dénoncer un cybercriminel, une inquiétude revient souvent : « Et si je subissais des représailles ? ». Il n’est pas rare que des victimes renoncent à agir, par peur des conséquences. C’est là qu’intervient le signalement anonyme : un outil de résistance aussi discret qu’efficace.

Signaler anonymement, c’est alerter les autorités ou les plateformes compétentes tout en restant protégé. C’est contribuer à l’assainissement du Web sans risquer de devenir soi-même une cible.

Les canaux publics de signalement anonymes

Malgré la complexité du cybercrime, les institutions françaises se sont dotées de dispositifs permettant aux citoyens d’agir, même sans se manifester à visage découvert.

1. PHAROS – La plateforme du ministère de l’Intérieur

PHAROS (Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements) est le pilier de la lutte contre la cybercriminalité en France. Elle permet de signaler les infractions en ligne : arnaques, contenus haineux, pédocriminalité, usurpation d’identité, etc.

Et bonne nouvelle : le signalement peut être anonyme. Vous n’êtes pas obligé de laisser votre nom, ni votre adresse. Cependant, fournir un minimum d’informations utiles peut accélérer le traitement de votre signalement.

À noter : un signalement sur PHAROS ne lance pas automatiquement une enquête. Les éléments sont d’abord analysés par des policiers spécialisés avant d’éventuellement être transmis à d’autres services.

2. SignalConso – Lorsque le cybercriminel est un professionnel

Si vous êtes victime d’une arnaque ou d’un abus en ligne commis par une entreprise (site frauduleux, fausse boutique en ligne, démarchage abusif), vous pouvez passer par SignalConso. Cette plateforme vous permet de faire un signalement directement à la DGCCRF.

Là encore, anonymat possible. Vous pouvez signaler votre mésaventure sans que votre identité ne soit dévoilée à l’entreprise concernée.

Utiliser la presse ou des ONG pour des dénonciations à fort enjeu

Quand les faits que vous souhaitez dénoncer dépassent la simple escroquerie de phishing – par exemple, si vous avez découvert un vaste réseau organisé de cyberattaque, une fuite massive de données ou des pratiques illégales au sein d’une entreprise – il peut être pertinent de passer par des voies moins conventionnelles.

1. Les plateformes de lanceurs d’alerte

Plusieurs ONG, comme Transparency International ou la Maison des Lanceurs d’Alerte, offrent des canaux de communication sécurisés et anonymes pour faire remonter des informations sensibles. Elles peuvent également vous accompagner juridiquement si la situation l’exige.

Ce recours est à privilégier si vous êtes un employé ou un prestataire ayant découvert une irrégularité grave au sein de votre organisation — par exemple, des systèmes informatiques volontairement piratés ou détournés à des fins illicites par des membres de l’entreprise.

2. La presse d’investigation

Des médias comme Mediapart ou Disclose disposent de « boîtes noires » numériques sécurisées qui permettent de transmettre anonymement des informations. L’enjeu ici n’est pas judiciaire, mais public : on parle de journalisme d’enquête. Cette option peut faire sens si les faits que vous souhaitez révéler relèvent d’un scandale d’intérêt général.

Les plateformes privées : dénoncer les abus sur les réseaux sociaux

Facebook, Instagram, Twitter (ou X désormais), TikTok, YouTube… Tous ces réseaux affichent des interfaces de signalement, parfois rudimentaires, parfois efficaces. Leur point commun ? L’anonymat est habituellement garanti.

Signalez un utilisateur pour harcèlement, usurpation, arnaque ou propos haineux, et les équipes de modération étudieront la plainte. Certaines plateformes, comme Twitter, permettent même de signaler des comptes au nom d’une tierce personne victime.

Un conseil : fournissez toujours des captures d’écran et des URL spécifiques. Les signalements vagues sont souvent ignorés, faute de preuves exploitables.

Astuce : Conservez un double des contenus avant qu’ils ne soient supprimés. Certains escrocs sont rapides à dissimuler leurs traces lorsqu’ils se sentent repérés.

Le recours à TOR ou à des outils de navigation sécurisée

Parfois, signaler un cybercriminel implique d’utiliser des outils… cyber à son tour. Utiliser un navigateur conventionnel laisse des empreintes (IP, cookies, etc.). Si vous avez des raisons sérieuses de craindre une surveillance numérique – par exemple, si vous êtes au cœur d’un conflit avec une organisation utilisant des outils invasifs – il est préférable de passer par des couches de sécurité supplémentaires.

TOR (The Onion Router) est un navigateur développé pour naviguer de manière anonyme. Il crypte votre connexion et masque votre adresse IP, rendant votre navigation difficilement traçable. C’est l’un des outils préférés des journalistes, activistes et chercheurs d’informations.

D’autres options existent, telles que Tails, un système d’exploitation portable sécurisé, qui ne laisse aucune trace sur la machine mère.

En résumé ? Si vous comptez dénoncer des activités cybercriminelles à fort enjeu, et que vous craignez des représailles numériques, équipez-vous avant d’agir.

Quand il vaut mieux NE PAS agir seul

Signaler anonymement ne signifie pas travailler dans l’ombre isolée. Dans certains cas, garder le silence est même plus dangereux que de demander conseil. Si vous détenez une information délicate (accès à un serveur de trafic illégal, connaissance d’identités de pirates reconnus…), envisagez une prise de contact avec un avocat spécialisé en droit pénal numérique.

Le secret professionnel de l’avocat protège vos confidences. Il pourra évaluer la pertinence d’un signalement, et surtout vous éviter de basculer vous-même, malgré vous, dans une complicité passive en détenant des infos non transmises.

Signalement anonyme et légalité : ce qu’il faut savoir

En France, la loi protège la liberté de signaler sans révéler son identité, dans certaines conditions. Le secret de l’identité du lanceur d’alerte est d’ailleurs renforcé par la loi Sapin II, modifiée par la loi du 21 mars 2022.

Mais attention : le « droit à l’anonymat » n’autorise pas les dénonciations calomnieuses, ni les fausses alertes malveillantes. Ce serait là revêtir les habits du cybercriminel que vous cherchiez à dénoncer…

Quelques erreurs à éviter (et les bons réflexes à avoir)

Parce que dénoncer, c’est déjà protéger

Dans le monde numérique, il n’est plus question de rester passif face aux abus. Le signalement anonyme est un moyen concret d’agir sans mettre sa vie personnelle en péril. En dénonçant un cybercriminel, vous n’agissez pas seulement pour vous : vous freinez une mécanique souvent bien rodée qui fait d’autres victimes chaque jour.

À l’heure où tout le monde peut se transformer en cible d’un clic, n’oubliez pas que signaler, c’est un acte de citoyenneté. Et parfois, c’est aussi le seul moyen de briser une chaîne de prédation digitale.

Quitter la version mobile