Comment reconnaître un phishing par SMS ou e-mail

Comment reconnaître un phishing par SMS ou e-mail

Phishing : le piège numérique qui ne faiblit pas

Le phishing, ou hameçonnage en français, est cette arnaque numérique “vintage” mais toujours aussi efficace. Elle consiste, pour un escroc, à se faire passer pour une autorité légitime (banque, administration, service public, fournisseur numérique) dans le but de vous soutirer des informations personnelles sensibles : identifiants, mots de passe, coordonnées bancaires… En somme, tout ce qui lui permettra ensuite de siphonner vos données voire votre compte bancaire.

On pourrait croire que ces méthodes sont dépassées. Que seul un internaute peu aguerri se laisserait encore avoir. Détrompez-vous. Le phishing se réinvente sans cesse, avec des SMS aussi courts que percutants, ou des e-mails mimant à la perfection les messages institutionnels. Il ne s’agit pas d’un danger du passé, mais d’un fléau en constante évolution.

SMS ou e-mail : même méthode, même objectif

Le phishing repose toujours sur un levier psychologique : l’urgence. “Votre compte est suspendu”, “Nous avons détecté une activité suspecte”, “Dernier rappel avant suspension de vos droits”… Le tout assorti d’un lien ou d’un bouton invitant l’utilisateur à “réagir rapidement”. C’est là que réside tout le piège.

Que le message vienne sous la forme d’un e-mail ou d’un SMS ne change pas grand-chose. L’approche est identique : créer un sentiment d’inquiétude ou d’empressement qui vous pousse à cliquer… sans réfléchir. Et une fois la page ouverte – bien souvent une copie quasi parfaite d’un site officiel – vous n’avez qu’à fournir vos données personnelles pour tomber dans le piège.

Signes évidents… et subtils : apprenez à repérer l’arnaque

Si certaines arnaques sont grossières, d’autres sont redoutablement bien ficelées. Voici les principaux éléments à surveiller scrupuleusement :

  • L’expéditeur : Une adresse e-mail suspecte du type [email protected] au lieu de @ameli.fr ou @labanquepostale.fr.
  • La pression émotionnelle : “Action immédiate requise”, “compte compromis”, ou pire, menace de sanction.
  • Erreur de syntaxe ou fautes d’orthographe : Si certaines attaques sont impeccables, beaucoup contiennent encore des fautes de grammaire ou de typographie. À fuir.
  • Un lien suspect : Passez votre souris sur le lien sans cliquer. L’URL s’affichera : si elle mène à un domaine étrange (ex : secured-login.cc), c’est un signal d’alerte clair.
  • Demande d’informations confidentielles : Aucune administration ne vous demandera de confirmer votre mot de passe ou votre code PIN par e-mail.

Des exemples concrets : quand le réel dépasse la fiction

Un lecteur du blog m’a récemment transmis un message reçu sur son téléphone. Le SMS imitait un avis de l’ANTS (Agence Nationale des Titres Sécurisés) : “Votre permis est suspendu. Merci de régulariser : ants-gouv-rectification.com”. Problème ? L’URL ne renvoie pas vers le site officiel https://ants.gouv.fr, mais vers une page imitant le design, récoltant les numéros de permis, nom, date de naissance, etc. Résultat : une usurpation d’identité en règle.

Autre cas classique : l’e-mail au nom prétendu de La Banque Postale vous indiquant une “activité suspicieuse sur votre compte”. L’adresse d’origine est [email protected] (bizarre, non ?), mais le logo est bon, la mise en page bluffante. Beaucoup cliquent sans vérifier et donnent leurs identifiants. En moins d’une heure, leur compte peut être vidé.

Les techniques se raffinent : attention au spear phishing

Vous avez peut-être déjà entendu parler de spear phishing, forme plus ciblée et donc plus dangereuse encore. Contrairement au phishing classique envoyé en masse, le spear phishing consiste à viser une personne en particulier avec un message personnalisé.

Vous recevez un e-mail qui parle de votre employeur, de votre banque (la vraie), ou fait référence à un récent déplacement ? Ce n’est pas un hasard. Cela signifie que le cybercriminel a déjà récolté certains éléments vous concernant. Il est alors plus difficile de détecter la manipulation, car le message semble cohérent, dans le contexte de votre vie.

Dans ce type de cas, la vigilance doit être accrue, car le message ne contient souvent aucune faute, est bien rédigé, et semble venir d’un “collègue” ou d’un “prestataire”.

Ce qu’il faut faire… et surtout ne pas faire

Face à un message suspect, voici les premiers réflexes à adopter :

  • Ne cliquez jamais immédiatement sur un lien. Prenez le temps de vérifier l’expéditeur, le contenu, l’orthographe…
  • Ne répondez pas au message. Cela confirme au fraudeur que votre adresse est active.
  • Signalez le message : Pour les SMS, transférez-le au 33700. Pour les e-mails, utilisez le bouton “Signalement” de votre messagerie ou rendez-vous sur cybermalveillance.gouv.fr.
  • Vérifiez sur le site officiel. Plutôt que de cliquer, ouvrez votre navigateur et tapez vous-même l’adresse (ex : ameli.fr, impots.gouv.fr…)
  • Activez l’authentification double facteur. Elle ajoute une couche de protection si jamais vos identifiants venaient à être subtilisés.

Des outils pour se protéger sur le long terme

Vous n’avez pas besoin d’être informaticien pour sécuriser votre comportement numérique. Voici quelques solutions gratuites ou peu coûteuses qui feront une réelle différence :

  • Un gestionnaire de mots de passe : Il détecte automatiquement les véritables adresses des sites et empêche la saisie sur des pages frauduleuses.
  • Un antivirus avec filtre anti-phishing : De nombreux antivirus incluent désormais une fonction de détection des tentatives de phishing.
  • Un bloqueur d’URL malveillantes : Des extensions comme uBlock Origin ou Malwarebytes Browser Guard filtrent les sites piégés.
  • Des formations numériques gratuites : Des sites comme cybermalveillance.gouv.fr ou cyberedu.fr proposent des modules simples pour apprendre à détecter les pièges.

Une vigilance collective qui fait barrage

Face à ces menaces, la meilleure défense reste l’information. Informer vos proches, sensibiliser vos collègues de travail, signaler les messages suspects… Chaque geste compte. Les escrocs exploitent l’ignorance et la passivité : en brisant ce silence, on les prive progressivement de leur terrain de chasse.

Ce n’est pas parce qu’un message ressemble à un original qu’il est authentique. Et ce n’est pas parce qu’on a déjà cliqué une fois qu’on ne peut pas devenir prudent ensuite.

Alors la prochaine fois que vous recevez un SMS énigmatique vous indiquant une “livraison en attente” ou un e-mail paniquant sur votre “carte Vitale désactivée”… Arrêtez-vous une seconde. Une seule. Observez. Analysez. Car c’est dans cette seconde de lucidité que se joue la différence entre sécurité et escroquerie.

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