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Comment contester une amende abusive et faire valoir ses droits

Comment contester une amende abusive et faire valoir ses droits

Comment contester une amende abusive et faire valoir ses droits

Recevoir une amende peut faire grincer des dents. Mais recevoir une amende que l’on estime injustifiée, voilà qui fait monter la tension d’un cran supplémentaire. Trop souvent, par ignorance ou découragement, certains paient sans contester. Erreur stratégique. Face à une amende abusive, la loi vous offre des recours. Encore faut-il les connaître et les utiliser correctement. Décryptons ensemble le parcours type du justiciable qui refuse de se laisser tondre sans raison.

Amende abusive : de quoi parle-t-on exactement ?

Une amende est dite « abusive » lorsqu’elle est infondée, incorrectement notifiée ou entachée d’erreurs manifestes. Cela peut concerner :

Dans tous les cas — et c’est là le point central — une amende n’est jamais au-dessus des lois. Et vous non plus, d’ailleurs : la contestation est un droit fondamental.

Étape 1 : analyser la verbalisation

Avant de vous lancer tête baissée dans la procédure, prenez un temps court mais stratégique pour examiner minutieusement le contenu du PV ou de l’avis de contravention. Trois éléments doivent être passés au crible :

Par exemple, si vous recevez un PV pour stationnement gênant un dimanche soir alors que votre voiture était au garage, la contestation s’impose presque naturellement. Gardez cependant à l’esprit que ce sera à vous de prouver cette incohérence à l’administration ou au juge.

Étape 2 : choisir son mode de contestation

La manière dont vous devez contester dépend du type d’amende. Il existe deux grandes catégories :

Attention, les délais sont serrés :

Passé ce délai, l’administration considèrera votre silence comme une reconnaissance tacite. Ne laissez pas l’horloge administrative décider de votre sort.

Étape 3 : rédiger une contestation solide

La clé d’une contestation réussie ? Le fond mais aussi la forme. Soyons clairs : il ne suffit pas d’écrire « Je ne suis pas d’accord » sur un coin de nappe. Votre défense doit être factuelle, rigoureuse, et idéalement étayée de preuves.

Quelques conseils pratiques :

Exemple d’approche efficace :

« Le 12 avril, j’ai reçu une contravention pour dépassement de vitesse à 73km/h au lieu de 70km/h sur l’avenue X. Or, à l’heure indiquée, mon véhicule était à l’arrêt devant mon domicile, comme l’indiquent les journaux de bord GPS (pièce jointe). Par ailleurs, l’écart de 3 km/h entre l’infraction indiquée et la tolérance technique des radars pose question… »

L’administration apprécie rarement les argumentations fantaisistes. Privilégiez la rigueur à l’émotion.

Refus de votre contestation : quelles options ?

Votre courrier est resté lettre morte ? Ou pire, rejeté sans justification valable ? N’allez pas commettre l’erreur classique : baisser les bras. Vous avez encore un levier juridique de poids : saisir l’autorité judiciaire.

Selon les cas :

Pas de panique : une fois devant le juge, vous aurez enfin un interlocuteur indépendant. Il est fréquent qu’un cas bien présenté obtienne la relaxe, notamment si le doute est permis. Exemple parlant : une automobiliste ayant prouvé grâce à sa montre connectée qu’elle courait à pied à l’heure où son véhicule flashé — en réalité volé — commettait l’infraction… Relaxée.

Et si l’infraction a été commise avec votre véhicule… sans vous ?

Vous êtes responsable de votre voiture, mais pas d’un voleur ou d’un ami indélicat. La jurisprudence est constante : vous pouvez être exonéré si vous démontrez :

Dans tous les cas, votre bonne foi ne suffit pas. Seules des preuves matérielles convaincront l’autorité. La preuve, encore la preuve, toujours la preuve.

L’arme fatale : la procédure de recours administratif préalable

Si vous estimez que l’administration s’acharne (multiplication des amendes injustifiées, négligence manifeste dans votre dossier…), vous pouvez initier un RAPO (Recours Administratif Préalable Obligatoire) avant de saisir le juge administratif.

Ce type de procédure est notamment applicable pour les amendes liées à la circulation (Forfait Post-Stationnement, par exemple). Le RAPO se fait généralement via un formulaire en ligne ou par courrier recommandé auprès de l’autorité verbalisatrice (commune, préfecture… selon les cas).

Encore une fois, c’est votre capacité à construire un dossier solide qui fera pencher la balance. N’hésitez pas à invoquer l’article L. 411-6 du Code des relations entre le public et l’administration : l’administration doit rendre une décision explicite dans les deux mois, au-delà desquels le silence vaut rejet… et déclenche la possibilité d’un recours contentieux.

Dernier recours (mais puissant) : saisir le Défenseur des droits

Si malgré toutes vos démarches, vous êtes confronté à une mauvaise foi manifeste, à un déni de justice ou à un traitement clairement inéquitable, vous pouvez saisir le Défenseur des droits. Ce n’est pas un magistrat, mais une autorité indépendante dotée d’un réel pouvoir d’enquête.

Les cas admissibles incluent :

La saisine se fait facilement en ligne ou par courrier. Même si elle ne suspend pas l’amende, une enquête du Défenseur des droits peut peser fortement dans votre dossier en cas de procédure juridictionnelle.

Agir vite, bien et calme : le triptyque gagnant

Contester une amende abusive, ce n’est pas hurler à l’injustice générale. C’est répondre à une anomalie administrative avec méthode et fermeté. Un citoyen qui connaît ses droits et les exerce intelligemment a toutes les chances de faire plier la machine bureaucratique, même mal huilée.

N’oubliez pas : la loi reste votre meilleure alliée. Servez-vous-en. Jouez dans les règles, mais jouez serré.

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