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Calomnie porter plainte : comment réagir face à une fausse accusation

Calomnie porter plainte : comment réagir face à une fausse accusation

Calomnie porter plainte : comment réagir face à une fausse accusation

Calomnie : un poison social aux conséquences juridiques

La calomnie, c’est ce venin que l’on distille pour nuire. Une fausse accusation, insidieuse, qui salit une réputation, brise des carrières ou détruit des vies. Que ce soit dans la sphère professionnelle, familiale ou sur les réseaux sociaux, les fausses allégations peuvent surgir de n’importe où, souvent par surprise, et laisser un goût amer d’injustice. Mais contrairement aux idées reçues, on ne doit pas se contenter de se défendre moralement : la loi offre des leviers concrets pour riposter.

Si vous êtes victime d’une fausse accusation, il est essentiel de comprendre comment réagir. Pas dans l’émotion, mais avec méthode. Car en matière de calomnie, la rigueur et la stratégie priment sur la colère. Voyons comment démêler le vrai du faux… et surtout comment faire valoir ses droits.

Définir juridiquement la calomnie : ce que dit le Code pénal

Commençons par poser les bases. En droit français, on distingue la diffamation, l’injure et la dénonciation calomnieuse. Ce dernier terme désigne spécifiquement le fait de porter une accusation mensongère contre quelqu’un, en sachant qu’elle est fausse, dans l’intention de lui nuire.

Selon l’article 226-10 du Code pénal :

« Est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d’un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires, lorsque cette dénonciation est faite de mauvaise foi. »

Il ne s’agit donc pas d’un simple mensonge de corridor : pour qu’il y ait dénonciation calomnieuse, plusieurs conditions doivent être réunies :

Vous vous reconnaissez dans ce tableau ? Alors il est grand temps de passer à l’action.

Première étape : rassembler les preuves

Une réaction impulsive sur les réseaux, une plainte infondée déposée contre vous, un rapport écrit truffé d’accusations mensongères ? Peu importe la forme, votre premier réflexe doit être identique : documenter.

Voici ce que vous devez collecter méthodiquement :

Astuce : faites établir des constats d’huissier pour les preuves numériques, notamment en cas de contenu en ligne. Un simple « screenshot » sans valeur probante peut être balayé sans ménagement en justice.

Porter plainte : une démarche encadrée mais accessible

Une fois les preuves en main, reste à franchir le pas : déposer plainte pour dénonciation calomnieuse. Plusieurs options s’offrent à vous :

Dans votre plainte, soyez précis. Nommez clairement l’auteur des accusations, détaillez les circonstances, citez les faits, et joignez toutes vos preuves. Ne vous contentez pas de déclarations vagues : le droit, ce sont des faits, pas des impressions.

Important : le dépôt de plainte peut être suivi d’un classement sans suite si les preuves sont insuffisantes. Mais cela ne signifie pas que votre démarche était vaine. Vous pouvez ensuite engager une citation directe devant le tribunal correctionnel (souvent via un avocat) pour forcer l’ouverture d’un procès.

Diffamation ou dénonciation calomnieuse ? Ne confondez pas

Un point mérite d’être soulevé ici : on mélange souvent diffamation, injure et dénonciation calomnieuse. Or, ces délits visent des contextes et des mécanismes différents :

La nuance est de taille. Par exemple, si un collègue vous traite de “voleur” devant d’autres sans porter plainte, on parle de diffamation. S’il envoie un courrier au directeur en l’accusant de vol en sachant que cela est faux, il tombe sous le coup de la dénonciation calomnieuse.

Quels risques encourt l’auteur de la dénonciation ? Un rappel salutaire

Un mensonge n’est pas une erreur légère. La dénonciation calomnieuse constitue un délit pénal de plein droit. Si la plainte du calomnié aboutit, l’auteur encourt :

Et ce n’est pas tout. Une condamnation pour dénonciation calomnieuse entraîne une inscription au casier judiciaire (bulletin n°2), susceptible de compliquer certains emplois ou démarches administratives. Le retour de bâton peut donc être sévère… à juste titre.

Et si c’est votre employeur qui vous accuse à tort ?

Les contentieux professionnels sont un terrain fertile pour les accusations infondées, parfois motivées par des intérêts bien peu nobles (licenciement déguisé, intimidation…). Dans ce cas, votre défense passe également par la justice prud’homale.

En cas d’accusations disciplinaires infondées, vous pouvez :

Un exemple réel : un salarié accusé de harcèlement sexuel par une collègue, innocenté après enquête interne et classement sans suite par le parquet, a poursuivi celle-ci pour dénonciation calomnieuse. Résultat : 8 mois de prison avec sursis et 12 000 € de dommages et intérêts.

Se défendre publiquement : à manier avec précaution

L’envie de laver son honneur en place publique est compréhensible. Mais attention : même si vous êtes victime, vous n’avez pas licence illimitée pour contre-attaquer dans les médias ou sur les réseaux. Vous pourriez vous-même être poursuivi pour diffamation ou atteinte à la vie privée.

Avant toute communication publique, posez-vous les bonnes questions :

La meilleure arme reste souvent le silence… suivi d’une victoire juridique.

Un dernier mot pour les victimes : ne banalisez jamais

Être faussement accusé est une violence. Morale, sociale, parfois économique. Ce n’est ni “juste une histoire” ni un simple malentendu à laisser passer pour “faire profil bas”. Des vies ont été ruinées sur la base d’un mail mensonger ou d’un témoignage manipulé. Dans un État de droit, le véritable pouvoir est d’agir dans les règles. Avec lucidité, précision… et fermeté.

Alors si un jour quelqu’un vous accuse de façon mensongère, respirez, relisez l’article 226-10… et appelez votre avocat. Puisqu’on parle de justice, autant jouer sur le bon terrain.

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