Comment signaler un site internet frauduleux aux autorités et aux moteurs de recherche

Comment signaler un site internet frauduleux aux autorités et aux moteurs de recherche

Pourquoi signaler un site internet frauduleux n’est pas « optionnel »

Un site frauduleux, ce n’est pas juste « un mauvais site » à éviter. C’est une machine à voler, manipuler, arnaquer. Tant qu’il reste en ligne et visible dans les moteurs de recherche, il continue à faire des victimes.

La bonne nouvelle : en France, vous avez plusieurs leviers concrets pour le faire tomber ou au moins le rendre beaucoup moins visible. Autorités, moteurs de recherche, hébergeurs : chacun a son rôle, à condition de savoir où frapper et comment documenter votre signalement.

L’objectif ici est simple : vous donner une méthode claire, action par action, pour signaler efficacement un site internet frauduleux. Sans jargon inutile, sans morale, juste du concret.

Reconnaître un site frauduleux : les signaux qui doivent vous alerter

Avant de signaler, encore faut-il être à peu près certain de ce que vous avez sous les yeux. Un site frauduleux ne se limite pas à « un site qui ment un peu ». On parle de :

  • Arnaques financières : faux investissements, trading miracle, fausse plateforme de crypto, promesses de rendements irréalistes.

  • Phishing (hameçonnage) : faux site de banque, de La Poste, d’URSSAF, d’Assurance Maladie… qui imite le vrai pour voler identifiants et codes.

  • Faux sites marchands : boutiques en ligne avec prix ultra cassés, qui encaissent mais ne livrent jamais.

  • Sites diffusant des malwares : téléchargement « gratuit » d’un logiciel, d’un film, d’un crack, qui installe en réalité un virus ou un ransomware.

  • Usurpation d’identité : site se faisant passer pour une administration, une marque ou une entreprise, sans lien réel avec elle.

Les indices concrets :

  • Orthographe catastrophique, mentions légales absentes ou bidon, pas de politique de confidentialité.

  • Adresse de contact fantôme : pas de téléphone valide, pas d’adresse postale vérifiable, seulement un formulaire.

  • Coordonnées bancaires louches (IBAN étranger pour une « société française »).

  • Nom de domaine proche d’un site connu, mais légèrement modifié (exemple : labanque-postale.com au lieu de labanquepostale.fr).

  • Pression temporelle : « Offre valable 5 minutes », compte à rebours, menaces (« votre compte sera fermé si… »).

Vous avez un doute sérieux et plusieurs signaux clignotent ? Ne perdez pas de temps à débattre sur la perfection de la preuve : signalez.

Avant de signaler : ce qu’il faut absolument conserver

Un signalement utile est un signalement documenté. Ce que vous notez aujourd’hui peut permettre demain d’identifier le réseau entier derrière un simple site.

À conserver systématiquement :

  • L’URL complète du site frauduleux (exemple : https://exemple-arnaque.com/login?user=123). Copiez-collez, ne retapez pas à la main.

  • Des captures d’écran : page d’accueil, page de paiement, formulaire de connexion, emails reçus, SMS liés.

  • La date et l’heure à laquelle vous avez constaté les faits.

  • Les échanges : emails, messages WhatsApp, SMS, appels (notez au minimum le numéro, la date, l’heure et la durée).

  • Les paiements effectués : références de transactions, justificatifs de virement, débits carte bancaire.

Évitez un réflexe courant : ne discutez pas pendant des jours avec l’arnaqueur pour « voir jusqu’où il va aller ». Vous lui donnez du temps et parfois des informations supplémentaires. Sauvegardez, puis signalez.

Signaler un site frauduleux aux autorités françaises

Plusieurs portes d’entrée existent. Le bon réflexe dépend du type de fraude, mais dans le doute, mieux vaut signaler deux fois qu’aucune.

Utiliser la plateforme PHAROS (Police / Gendarmerie)

PHAROS est la plateforme officielle de signalement des contenus illicites en ligne (police nationale et gendarmerie).

Adresse : https://www.internet-signalement.gouv.fr

À utiliser notamment pour :

  • Phishing (faux site de banque, de service public).

  • Sites d’escroquerie évidente.

  • Sites usurpant l’identité d’une administration, d’un organisme public ou d’une entreprise.

  • Contenus pénalement répréhensibles (apologie du terrorisme, pédopornographie, etc.).

Comment procéder :

  • Rendez-vous sur la plateforme.

  • Choisissez le type de contenu (escroquerie, hameçonnage, usurpation, etc.).

  • Renseignez l’URL du site, décrivez brièvement les faits, ajoutez les éléments que vous avez conservés (captures, infos techniques…).

Votre signalement peut rester anonyme, mais laisser vos coordonnées peut faciliter un éventuel contact par les enquêteurs.

Déposer plainte en commissariat, gendarmerie ou en ligne

Si vous êtes déjà victime (argent perdu, données volées, compte piraté), le signalement ne suffit plus : il faut déposer plainte.

Trois options :

  • Commissariat de police ou brigade de gendarmerie : présentez vos preuves (captures, relevés bancaires, échanges).

  • Pré-plainte en ligne pour certaines infractions : https://www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr, puis rendez-vous sur place pour signature.

  • Plainte adressée au procureur de la République par courrier recommandé au tribunal judiciaire compétent.

Insistez sur le fait qu’il s’agit d’une escroquerie organisée via un site déterminé, en mentionnant expressément l’URL. Cela permet de rattacher votre cas à d’autres dossiers similaires.

Signaler une arnaque commerciale à la DGCCRF et via SignalConso

Pour les faux sites marchands, les pratiques commerciales trompeuses, les non-livraisons, c’est la DGCCRF qui est compétente.

Outil à privilégier : https://signal.conso.gouv.fr

Vous pouvez :

  • Signaler une escroquerie d’achat en ligne.

  • Signaler une fausse promotion, un défaut de livraison, des pratiques abusives.

Le site est conçu pour le grand public, avec un parcours guidé. Mentionnez systématiquement que le site semble frauduleux ou fantôme (pas de livraison, pas de SAV, coordonnées invérifiables).

Signaler les arnaques financières à l’AMF et aux régulateurs

Les fausses plateformes d’investissement, de trading en ligne ou de crypto relèvent souvent de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Ressources utiles :

  • Liste noire des sites et acteurs non autorisés : https://www.amf-france.org

  • Service Épargne Info Service : pour vérifier si un site est autorisé ou déjà signalé.

En cas d’arnaque avérée, signalez le site à l’AMF via leurs formulaires dédiés. Là encore, conservez bien l’URL, les conditions proposées et les preuves de vos échanges.

Signaler un site frauduleux aux moteurs de recherche

Les moteurs de recherche ne sont pas des juges pénaux, mais ils contrôlent ce que les internautes voient en premier. Un site d’arnaque qui disparaît des résultats, c’est déjà beaucoup de victimes en moins.

Signaler un site frauduleux à Google

Google propose plusieurs formulaires selon le type de menace.

1. Site de phishing ou malveillant (Safe Browsing)

  • Formulaire : Rapport de phishing

  • Pour les sites qui imitent un service existant ou volent des identifiants.

2. Site diffusant des malwares

3. Site de spam ou trompeur dans les résultats de recherche

Indiquez l’URL précise, décrivez le comportement frauduleux en une ou deux phrases claires. Google n’agira pas sur la base de « je n’aime pas ce site », mais plutôt sur « ce site usurpe l’identité de telle banque et demande les identifiants clients ».

Signaler un site frauduleux à Bing, Edge et Microsoft

Pour les utilisateurs de Bing ou du navigateur Edge, Microsoft dispose aussi de canaux de signalement.

Là encore, l’URL + une description courte mais précise suffisent. Les systèmes de filtrage peuvent ensuite afficher un avertissement avant l’accès au site ou le bloquer complètement.

Signaler via les navigateurs (Chrome, Firefox, etc.)

Les principaux navigateurs intègrent une fonction de signalement directement dans l’interface.

  • Chrome : menu > « Aide » > « Signaler un problème de sécurité » (ou équivalent selon la version), puis précisez le site et le type de menace.

  • Firefox : via les options de sécurité ou en passant par le service de signalement de contenu malveillant (Mozilla s’appuie aussi sur Safe Browsing).

C’est rapide, et cela alimente directement les bases de données utilisées par plusieurs navigateurs et moteurs de recherche.

Remonter l’information à l’hébergeur et au registrar du site

Les autorités et les moteurs de recherche ne sont pas les seuls acteurs. Un site vit parce qu’il est hébergé quelque part et parce qu’un registrar lui a fourni un nom de domaine.

Identifier l’hébergeur ou le registrar :

  • Utilisez un service WHOIS (par exemple DomainTools ou Whois.com).

  • Vous obtiendrez souvent : le registrar (fournisseur du nom de domaine), parfois l’hébergeur ou au moins un contact « abuse@… ».

Ensuite :

  • Rédigez un email concis à l’adresse abuse indiquée.

  • Indiquez : l’URL, la nature de l’arnaque, un ou deux exemples concrets, les victimes potentielles.

  • Joignez éventuellement des captures d’écran.

Certains hébergeurs coupent rapidement l’accès en cas d’escroquerie manifeste, surtout si plusieurs signalements cohérents convergent.

Protéger votre entourage et documenter publiquement quand c’est utile

En attendant que les autorités, les moteurs et les hébergeurs réagissent, vous pouvez réduire l’impact du site par de simples réflexes de prévention.

  • Avertir votre entourage : famille, collègues, personnes vulnérables qui pourraient tomber dans le piège (seniors, jeunes adultes peu à l’aise avec le numérique).

  • Partager un avertissement factuel sur vos réseaux sociaux : capture d’écran, URL, description brève du risque, sans diffamation gratuite.

  • Vérifier si le site est déjà listé sur des plateformes d’arnaques (par exemple, des sites de recensement d’arnaques, forums spécialisés, etc.).

Attention toutefois à ne pas basculer dans la dénonciation publique irréfléchie :

  • Assurez-vous que vos propos restent factuels.

  • Évitez les accusations nominatives contre des personnes physiques identifiables si vous n’avez que des suppositions.

Votre meilleure protection reste la combinaison : signalement aux autorités + moteurs de recherche + hébergeur, et information pédagogique autour de vous.

Si vous êtes déjà victime : les réflexes à avoir immédiatement

Beaucoup ne se posent la question du signalement qu’après avoir perdu de l’argent. À ce stade, chaque minute compte.

Si vous avez communiqué vos coordonnées bancaires ou effectué un paiement :

  • Contactez immédiatement votre banque pour faire opposition, demander le blocage de la carte, contester les opérations non autorisées.

  • Demandez, si possible, un chargeback (rétrofacturation) pour les paiements par carte, en expliquant qu’il s’agit d’une escroquerie.

  • Surveillez de près vos relevés dans les jours et semaines qui suivent.

Si vous avez fourni des identifiants (email, compte client, accès banque en ligne) :

  • Changez vos mots de passe immédiatement, en commençant par l’adresse email principale.

  • Activez la double authentification quand c’est possible.

  • Vérifiez si les mêmes identifiants ne sont pas utilisés sur d’autres sites (mauvaise habitude fréquente).

Ensuite, déposez plainte et signalez le site comme détaillé plus haut. Un individu isolé se dit « ce n’est que 200 € », mais 500 victimes à 200 €, cela fait déjà une très belle rentabilité pour un réseau de fraude.

Faire de chaque signalement un outil de dissuasion

Les sites frauduleux se multiplient parce qu’ils sont trop rentables et pas assez risqués pour leurs auteurs. Vous n’allez pas démanteler un réseau tout seul, mais vous pouvez augmenter le coût de leurs opérations.

En pratique, chaque fois que vous tombez sur un site suspect :

  • Recueillez les preuves essentielles.

  • Signalez à PHAROS ou à l’autorité compétente (DGCCRF, AMF…).

  • Remontez l’URL aux moteurs de recherche et navigateurs.

  • Si possible, alertez l’hébergeur et votre entourage.

Ce n’est pas spectaculaire, cela ne fait pas la une des journaux, mais c’est ce travail discret de vigilance citoyenne qui, répété à grande échelle, complique sérieusement la vie des fraudeurs.

La prochaine fois que vous repérez un site qui « sent l’arnaque », au lieu de simplement le fermer, traitez-le comme ce qu’il est : une scène de crime numérique. Et agissez en conséquence.

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